Arman Méliès : la tête et les jambes

Arman Méliès : la tête et les jambes

On avait pu découvrir la reprise d’Arman Méliès qui avait inauguré notre rubrique l’invité de CCV. Nous le retrouvons à  l’occasion de la sortie d’un livre publié par la Machine à Cailloux (Un beau siècle de légendes), qui sera disponible à la même date que celui signé par Dominique A (voir ici).

 


La machine à caillou Arman Méliès, peux-tu nous présenter ce livre à paraître dans la collection Carré de la Machine à Cailloux.
C’est un petit essai sur le processus créatif. J’y parle de ma façon de travailler, comment les idées me phagocytent et deviennent des chansons, ou pas. J’y parle aussi de mes influences et de mon parcours, et, de manière plus générale, de ce que représente pour moi l’acte créateur et la musique. Tout un programme…

Quel est ton lien à la littérature ? est-ce une influence dans l’écriture de tes chansons. Les paroles de tes chansons ne s’inscrivent pas vraiment dans la vague actuelle plutôt réaliste, as-tu une référence pour l’écriture de tes chansons, un idéal ?
Mes lectures me nourrissent, c’est indéniable, et influencent donc de manière plus ou moins directes mes textes, mais je serais bien incapable de définir précisément ce que ma musique doit à mes lectures. Je lis essentiellement de la littérature contemporaine, des essais aussi (sur l’histoire de l’art, notamment), ce qui à priori est assez éloigné de mon « style » d’écriture, mais toutes ces choses me nourrissent et se retrouvent de manière plus ou moins évidente dans mes textes. Quant à la veine « réaliste », effectivement, j’ai vraiment l’impression d’être à mille lieux de ce courant qui ne me touche pas du tout. J’aime à penser que mes chansons sont ancrées dans une certaine réalité et qu’elles puissent parler aux gens, mais de là à réduire les textes à de petites chroniques sur les soirées pizzas ou mes voisines en petites culottes…

Casino Sur ton nouveau disque c’est toujours Julien Pacaud qui a réalisé l’illustration de la pochette du disque, comment as-tu découvert cet artiste ?
J’ai découvert le travail de Julien via internet. Il y avait sur hinah.com une série de montages numériques et j’ai tout de suite été fasciné par ces visuels très poétiques et assez décalés. Je l’ai donc contacté, pour lui proposer qu’on collabore sur « Néons Blancs ». Il a accepté, et depuis, je ne le lâche plus. « Casino » est notre troisième collaboration.

Sur ton troisième album Casino, on a le sentiment d’écouter un disque plus direct, plus rock si ce mot à un encore un sens…
En effet, je voulais quelque chose de plus direct, de plus concis. Les concerts que je donnais en solo ces dernières années avaient quelques choses d’assez cérébrales, presque désincarnées, parfois. J’ai pris un grand plaisir à jouer avec des sampleurs et à improviser sans cesse, mais j’étais parfois frustré de ne pas pouvoir faire une musique plus percutante, plus physique. D’où ce virage rock, en effet, pour peu qu’on entende par rock une musique qui se vive autant avec le corps qu’avec la tête.


Quelle était la démarche pour ce disque par rapport aux précédents ?
Sachant très vite où je voulais aller, j’ai fait des maquettes beaucoup plus élaborées qu’à l’habitude, en me penchant notamment sur le côté rythmique des compositions, ce que je ne faisais normalement qu’à la fin du processus d’écriture. J’ai aussi énormément arrangé les chansons en amont, avec notamment une grande place accordée aux claviers et aux guitares électriques, et en délaissant temporairement la guitare acoustique, qui était autrefois omniprésente. Logiquement, au moment de rentrer en studio (à Bruxelles), Antoine Gaillet (le réalisateur de l’album) et moi savions précisément ce que nous voulions faire et les directions à prendre pour arriver à nos fins. Une fois n’est pas coutume, ce fut presque un jeu d’enfant d’enregistrer l’album.

Arman Méliès On a le sentiment que le disque est plus ouvert, cela répondait-il à un souhait d’élargir ton public, ou était-ce plus une évolution personnelle, évoluer vers des textes et des musiques plus abordables ?
Loin de moi l’idée de racoler. D’ailleurs, à ce jour, je crois que mon statut n’a pas beaucoup évolué vis à vis du grand public… Toujours est il que j’ai effectivement l’impression d’avoir fait un album plus accessible. C’est notoire en ce qui concerne les textes. Ces deux dernières années, j’ai vécu énormément de choses sur le plan personnel comme sur le plan « professionnel », et ces nombreux bouleversements ont logiquement modifiés ma façon d’écrire. J’avais besoin de partager certaines choses, sans doute, d’avancer un peu à découvert… Cela peut paraître généreux, mais avec le recul, je crois que c’était avant tout égoïste. J’avais besoin d’évacuer certaines choses.

Le but était-il aussi de présenter des chansons à présenter sur scène en groupe, avec une formation plus guitare basse batterie ? Ou tu adapteras les titres pour des versions solo ?
Effectivement, dans la logique de la composition et de l’enregistrement de l’album, il me semblait évident que sur scène, ces titres devaient êtres joués en groupe, pour restituer l’énergie qu’ils dégagent. C’est pour moi une nouveauté à laquelle je prends grand plaisir, mais je n’abandonne pas les concerts solo. J’en donnerai quelques-uns à l’automne, en essayant des relectures inédites qui conjugueraient improvisation et énergie. C’est encore un peu flou, mais j’y travaille.

L’ossature rythmique sur le disque structure beaucoup de morceaux, d’où vient ce choix, d’une rencontre avec un musicien – par rapport à une influence musicale ? on peut penser à Blonde Redhead sur certains titres ?
Blonde Redhead, c’est une influence évidente, je ne vais pas dire le contraire. Simone Pace est un de mes batteurs préférés, et je me suis donc inspiré en partie de son jeu pour l’album. Mais avant toute chose, j’avais en tête des rythmiques très syncopées, à la fois presque dansantes et robotiques. Quelque chose d’assez puissant, d’assez direct, mais qui soit en même temps relativement complexe. La tête et les jambes, encore une fois… J’ai donc composé la plupart des rythmiques sur une boîte à rythme assez sommaire, pour les faire rejouer ensuite par un batteur, Loïc Maurin, en l’occurrence, avec qui je travaillais déjà sur les albums précédents. Je trouve le résultat assez probant.


La reprise d’Amoureux solitaires en revanche s’inscrit bien dans la continuité des interprétations solo – est-ce un titre que tu jouais en concert ?
Sur la fin de la dernière tournée, je jouais déjà le titre. C’était assez amusant de voir la réaction des personnes dans le  publique quand ils réalisaient que ce qu’ils entendaient était une reprise de Lio. Mais j’ai longtemps hésité avant de me décider à enregistrer le titre. Je n’étais vraiment pas certain que cette relecture ait sa place sur l’album. Aujourd’hui, ça me paraît d’une évidence… Et c’est vrai que le lien avec mes prestations solos est assez évident. Je n’en avais pas vraiment conscience.

Arman Méliès Le titre Diva avec cette longue plage instrumentale est comme un clin d’œil à ce qu’on pouvait connaître et apprécier de tes disques et prestation scéniques…
Plus qu’un clin d’œil au live, à  mes yeux, ce titre était surtout une ouverture vers d’autres horizons musicaux qui me parlent tout autant que le folk de mes débuts. J’avais vraiment en tête de m’amuser avec des influences que j’avais un peu mis de côté jusqu’à présent. Le Krautrock de Neu et Tangerine Dream, par exemple, la musique de Moroder, les B.O. de Carpenter. Je suis fasciné par les textures synthétiques, c’est un terrain de jeux illimité, et je le suis donc octroyé une plage pour pouvoir assouvir mes fantasmes de compositeur synthético-psychédélique.

Les concerts justement, une tournée est programmée pour la rentrée ? Avec des musiciens ? en solo ? des dates sont déjà bouclées ?
Il y a une tournée, oui, qui débutera en octobre, et qui devrait se prolonger l’année prochaine, avec des dates solo, et d’autres en groupe, histoire de varier les plaisirs.

Tu as collaboré récemment avec plusieurs artistes français, as-tu de nouveaux projets ou préfères-tu te concentrer sur les concerts à venir…
Je viens d’écrire un titre avec Eric Meunié (auteur publié chez POL), « Caravane espagnole », pour un livre-disque qui devrait paraître à la rentrée (et auquel Dominique a aussi participé, je crois), et je travaille en ce moment sur de nouveaux titres pour un éventuel quatrième album. Mais après l’expérience Bashung, qui fût extraordinaire, j’aimerais vraiment pouvoir à nouveaux écrire pour d’autres. Quand l’occasion se présentera…

Casino Vinyl Lien, dates de la tournée, discographie... :


www.myspace.com/armanmelies
Arman Méliès a sorti Casino un vinyl 25 cm en juin 2008.
Son dernier album Casino est sorti en mai chez Warner Music.

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