Arnaud Cathrine : déformater les choses

Arnaud Cathrine : déformater les choses

Avec Frère Animal, Arnaud Cathrine a dépassé le cadre qu'il s'était construit et le voici sur scène pour une tournée avec Florent Marchet, Valérie Leulliot et Nicolas Martel. Très investi dans les Correspondances de Manosque, il nous présente le livre-disque Fantaisie Littéraire, commémorant les 10 ans du festival, démontrant une nouvelle fois les liens étroits entre chanson et littérature. L'occasion pour nous de rencontrer quelqu'un de très ouvert et accessible.

 




Correspondances de Manosque A quand remonte votre première participation au festival « Les Correspondances de Manosque » ?
En fait, les Correspondances, j’y suis allé en tant qu’auteur il y a 6 ans je crois, pour y faire une lecture. A l’époque je bossais avec un comédien réalisateur qui s’appelle Eric Caravaca, avec qui j’ai fait un film (Le Passager) issu d’un de mes romans « la route de Midland » et on est allé faire une lecture à  deux voix là-bas d’un de mes livres qui venait de sortir qui s’appelait « Les vies de Luka », une lecture avec projection parce qu’il photographie aussi. Puis j’ai rencontré l’équipe de programmation où il y avait deux Olivier : Olivier Chaudenson et Olivier Adam, les deux fondateurs. Et on est devenu assez potes, et ils m’ont demandé « est-ce que ça te dirait de faire de la programmation avec nous ». Donc voilà ça fait 5 ans que je programme.

Les vies de Luka De loin ça semble être une joyeuse bande, on dirait qu’il y a beaucoup de monde, beaucoup de gens semblent s’y croiser.
C’est assez chouette oui. C’est une toute petite équipe de programmation qui est entre Paris et Manosque, et puis après, y’a une énorme équipe soit de bénévoles, soit de gens qui sont sur place au bureau des Correspondances, et c’est vrai que toute la ville est investie par ce festival parce qu’il est implanté depuis 10 ans maintenant. Les bénévoles, les gens qui sont dans l’action culturelle sur place ou les commerçants, tout le monde joue le jeu. Une belle synergie s’est installée. Et puis c’est un festival où l’on a toute liberté, aucune contrainte de programmation.

Y’a une multiplicité des horizons quand on voit la programmation. C’est quelque chose qui vous ressemble pas mal.
Oui parce qu’il y a la pluridisciplinarité. Donc il y a le centre qui est les auteurs parce que l’on tient à ce que cela reste un festival de lecture et un lieu de rencontre avec les auteurs, mais après on invite des comédiens à faire de grandes lectures pour faire découvrir des textes un peu exigeants. Par exemple l’année dernière je me suis bien marré à monter la correspondance de Violette Leduc qui est un auteur assez confidentiel, mais je l’ai fait lire par Julie Depardieu. Donc tout à coup y’a un nom connu, et dans la grande salle qui contient 800 places, beaucoup de gens découvrent un texte qu’ils ne connaissaient pas. Donc ça c’est chouette. Et puis y’a le pôle musique, qui est le pôle qui nous intéresse énormément avec Olivier Chaudenson. Tous les ans, on s’amuse à contacter des chanteurs pour leur proposer des cartes blanches pour les mettre un peu à côté de leurs rails, leur demander quel est leur lien à la littérature, de faire des créations inédites… C’est très exaltant. Et aujourd’hui je découvre qu’il y a plein de chanteurs qui sont influencés par la littérature. C’est d’ailleurs de là qu’était parti le projet avec Dominique A (Arnaud Cathine avait participé au recueil accompagnant la sortie de l'album Tout sera comme avant).

Fantaisie littéraire En France, dans le domaine de la musique, on aime bien mettre les gens dans des petites cases, des catégories. On a pas mal parlé en ce qui concerne Dominique A et d’autres artistes de Nouvelle Chanson Française. Est-ce pour quelqu’un qui n’y connaît rien il y a un équivalent dans la littérature ? Est-ce que cela pourrait être par exemple les auteurs qui sont sur Fantaisie Littéraire ?
C’est vrai que pour nous il nous semble que les chanteurs que l’on a réuni nous semblent assez en accord avec les auteurs qu’ils ont choisis. Après j’ai quand même l’impression, depuis que je travaille avec Florent Marchet, que je vois comment travaille un peu plus ce milieu-là, qui n’est pas le mien, j’ai l’impression qu’il y a  une dichotomie assez forte et claire entre la grosse batterie de la variété et les gens qui cherchent. Sans être un spécialiste mais étant très mélomane, j’ai l’impression que je n’ai pas trop de mal à faire la distinction entre Zazie et Dominique A. En littérature, c’est un peu plus compliqué, y’a plus d’auteurs déjà, je ne sais pas si c’est le marché du disque qui se casse la gueule, mais j’ai l’impression qu’il y a moins de chanteurs que d’auteurs. C’est quand même plus facile de publier un livre que de sortir un disque parce que ça coûte moins cher. Y’a plus d’auteurs, donc c’est très difficile d’imaginer une espèce de nouvelle scène française. Bien sûr ça fourmille de jeunes auteurs et de nouveaux talents tous les ans, mais c’est une foire beaucoup plus dense qu’en musique. Arnaud Cathrine - © Claude GassianOn se faisait la réflexion avec Florent Marchet afin de savoir qu’est-ce que l’on avait découvert cette année, quels étaient les albums français qui nous avaient marqué. Et bien c’est allé vite ! À partir du moment où l’on évacue Zazie et Mauranne, des gens de la famille que l’on aime, il n’y en a pas trente-six milles. En littérature, ça va beaucoup moins vite, y’a beaucoup plus de noms à mettre dans cet inventaire. Après nous ce qui nous ravit dans le projet de Fantaisie Littéraire, c’est que ce ne sont pas des duos au hasard. Soit les chanteurs avaient une vraie idée de ce qu’ils voulaient mettre en musique, soit avec Olivier on leur suggérait un texte, mais à chaque fois au final, il n’y a pas de malentendu. Quand Dominique A choisit François Vergne, quand Valérie Leulliot flashe sur Brigitte Giraud, Burger / Savitskaya c’est parfaitement en raccord, Carlotti / Riboulet de même… Ce sont parfois des gens qui se connaissent en plus, je pense à Mathieu Riboulet et Barbara Carlotti, donc si y’a des affinités dans la vie, les affinités artistiques vont presque de soi. Mais je ne serai pas dire s’il existe une nouvelle scène, une nouvelle école… Moi je me sens proche de certains auteurs évidemment, après on est tous très différents. C’est clair qu’il y a pas mal de différences entre Olivia Rosenthal et Marc Lévy.

 

 

On peut alors parler de similitudes au niveau de l’approche de l’écriture, au niveau des influences.
Oui voilà c’est ça. Alors après on peut certainement répertorier certaines maisons d’éditions, genre Verticales, POL, Minuit, l’Olivier, voilà ce sont des éditions où l’on est sûr qu’il y a plus de gens qui cherchent là que… dans d’autres (rires). Et comme la Mairie ne nous parachute absolument personne…

Arnaud Cathrine - © Claude GassianC’est carte blanche pour vous aussi.
Carte blanche dans la mesure où aussi les salles sont pleines. Mais le public est très curieux, il vient d’Aix, de Marseille, de Manosque, de toute la France, et depuis 10 ans, les deux Olivier ont appris à aiguiser la curiosité des gens. Donc maintenant dans la petite salle du théâtre qui fait 120 places, on sait que l’on peut mettre un premier roman absolument inconnu, on sait qu’il y aura du monde.

Pour vous il a des écrivains, des chanteurs qui sont absents du projet Fantaisie Littéraire ?
Pour les écrivains, on peut difficilement déplorer une absence dans la mesure où ce n’est pas nous qui avons choisi. De toute façon cela aurait été horrible et super arbitraire de choisir des auteurs dans la mesure où aujourd’hui on en a invité quarante fois dix (dixième anniversaire du festival pour rappel), donc on a donné carte blanche aux chanteurs. On leur a suggéré des choses quand ils nous le demandaient, mais ils ont eu carte blanche. Après au niveau des chanteurs il y en a deux - trois qui n’ont pas pu répondre à notre commande parce qu’ils étaient surbookés. Y’avait Miossec et Murat, qui sont deux personnes importantes pour nous, qui n’ont pas pu se libérer.

Frère Animal C’est vrai qu’à la vue du tracklisting ils auraient eu leur place ici.
Ah ben carrément ! Après je comprends, ils avaient autre chose à faire, ça s’est mal goupillé, ce sont de petits regrets, mais bon voilà d’une façon générale, on est super content de la liste.

On continue dans les analogies et similitudes entre le monde littéraire et musical, est-ce que pour vous le travail littéraire est beaucoup plus solitaire que l’écriture dans la musique ?
Oui c’est un travail plus solitaire, c’est évident, même si on a des éditeurs comme j’ai la chance d’avoir puisque chez Verticales et à l’Ecole des Loisirs je bosse avec mes éditeurs mais c’est avant tout un travail solitaire. Après, ce que je constate, et je pense que le festival de Manosque a contribué à ça – je le dis d’autant plus librement que je ne suis pas à l'origine du festival – c’est que le fait de faire se rencontrer des gens issus de disciplines artistiques différentes, ça donne des envie aux auteurs. L’auteur tend à être de moins en moins seul en fait. Et ça je le constate au premier chef puisque suite à mes collaborations cinématographiques et musicales, je ne pense qu’à ça : collaborer avec des gens qui ne font pas partie de ma discipline initiale. Et je vois à force de voir passer des auteurs à Manosque et de leur proposer de les mettre sur scène, en création pas forcément en rencontre, je vois qu’ils y prennent goût. Quand je vois Olivia Rosenthal qui maintenant bosse avec Robert Cantarella le metteur en scène… y’en a plein qui tout d’un coup s’inventent une présence sur scène, comme je suis en train de le faire avec Florent Marchet pour Frère Animal, et qui sont du coup de moins en moins seuls, travaillent en duo. Par exemple pour Frère Animal on est quatre sur scène, et je me remets à la musique, je me remets à chanter… Tout d’un coup on sort de notre truc. Olivia Rosenthal, dans ses performances sur scène, elle n’a plus de texte devant elle, c’est une performance de comédienne. Et elle est romancière. Donc en tant qu’auteur, on est de moins en moins seul parce qu’on multiplie les collaborations, et parce qu’aussi il y a aujourd’hui de plus en plus de festivals pour accueillir cela. Je dirai même des salles car quand je vois la petite tournée que l’on est en train de monter avec notre tourneur pour Frère Animal, et bien c’est étonnant, mais on voit des théâtres nationaux ou des salles rock qui accueillent volontiers Frère Animal qui n’est ni un concert, ni une pièce de théâtre, mais qui est un peu tout cela à la fois.

Quelque chose d’hybride.
C’est complètement hybride. Et je sens que les gens, que ce soient le public ou les programmateurs, ils en ont tellement marre des trucs formatés qu’ils veulent bien faire le pari de «  tiens allez venez chez nous, on va voir ce que ça donne votre truc hybride ».

Après une sortie il y a quelques mois quel regard portez-vous sur le projet Frère Animal (tournée prochaine, dont une date à la clôture du festival Les Correspondances de Manosque) ?
Je suis super heureux. De toute façon je voulais faire une pause dans l’écriture. Et revenir à la musique qui est mon premier amour…

Frère Animal - © Matthieu Dortomb Ca permet de se régénérer ?
Carrément. Ca fait dix ans que je publie. J’ai beaucoup produit. Je sentais que j’avais besoin de m’arrêter un peu et de mûrir. Personnellement je me l’autorisais moins mais Florent sentait bien que j’avais besoin de revenir à la musique. Donc on a monté Frère Animal. Au début, on s’est dit qu’on allait faire une petite présentation à Paris et puis ça s’est terminé par le Café de la Danse, puis les Bouffes du Nord, puis une dizaine de dates en province, puis un tourneur intéressé, et puis voilà, maintenant je suis au chant et au clavier. Donc le regard que je porte là-dessus, c’est juste que, je ne me l’avoue pas trop, mais j’attendais juste la bonne personne pour me remettre à ça. Et puis l’autre regard plus général que je porte, c’est que l’on est presque fier, au risque d’être immodeste, c’était un projet tellement hybride que c’était difficile de fédérer les gens. Finalement les gens ont misé, ils ont vraiment parié et voilà et ça se vend bien, et on aura fait 20-25 dates pour un projet un peu ovni. Bon on a vachement bossé, on a tracté sur MySpace (rires). Florent a bossé sur la composition et la réalisation comme un taré, sans compter ses heures, puisque c’est quand même un double album si l’on compte le minutage. Mais on est récompensé. On a fait la création à la Roche/Yon, puis y’a eu deux trois dates comme ça, puis y’a eu le Café de la Danse, et on a été récompensé, tout le monde était debout à la fin, on s’est dit… (soupir) on a pas fait ça pour rien. On a discuté pas mal avec le public aux Francofolies après le spectacle, et les gens nous ont dit « on en a raz le bol des petits trucs de variétoche, là ça raconte une histoire qui nous concerne ». Bon je vais pas nous dresser un trône non plus, mais on sent que cela a un écho, chez nous, chez les autres. Déformater les choses. Les gens, ça ne les choquent pas du tout qu’un écrivain se mette à chanter tout d’un coup, au contraire. Ceux qui n’apprécient pas ne m’en parlent pas vous me direz… En fait y’a un esprit franco-français que je n’aime pas du tout qui est en train de changer, c’est-à-dire ce que vous disiez, le côté « chacun dans sa case ». Ça, ça tend à changer. Et comme moi j’aime pratiquer des choses différentes, et bien je suis plutôt content.

 

Joesph d'Anvers Vous avez écrit pour Joseph d’Anvers également dans son dernier album (Les jours sauvages). Comment ça se passe dans ces cas-là ? C’est lui qui vous propose quelque chose, c’est vous qui prenez les devants ?
Tout est parti de son précédent album avec le titre « En ville ». Oh c’est une jolie histoire, une lectrice m’a envoyé un mail un jour et qui me disait « j’ai découvert un chanteur sur la compil CQFD des Inrocks, allez voir sur son blog, vous allez avoir une surprise ». Donc j’y vais et je découvre que Joseph vient du même coin que moi, dans la Nièvre, et il me cite dans son blog comme étant un auteur qu’il aime bien. Donc je l’ai contacté tout simplement, pour lui dire que la chanson de CQFD est vachement bien. Puis on s’est rencontré et voilà. Il m’a dit « on vient de la même région, on a le même trajet, partir de la Nièvre pour aller à Paris et  essayer de faire quelque chose de nous-même… Peut-être y’a quelque chose à écrire là-dessus ». Et donc je lui ai écrit « En ville ». Et puis pour son second album il m’a redemandé un texte, « Le bât blesse ».

Dans ces cas, collaborer à la musique ne vous donne pas envie ?
Non non même si j’ai des bases, je serai bien en peine de composer quoi que ce soit même si j’ai un passé de musicien amateur. Je n’ai pas le talent pour ça. Autant reprendre un peu de claviers et chantonner avec Florent, je me le suis finalement autorisé parce qu’il m’a fait comprendre que j’avais deux trois compétences – mon grand-père m’a appris le piano quand j’étais ado-, je l’ai fait avec la fragilité d’un auteur qui le fait, autant en matière de composition je ne prétends à rien… Mais c’est pas grave, faut pas chercher.

Tout sera comme avant Sur le projet de Tout sera comme avant auquel vous avez participé pour le titre « Revenir au monde », quel a été le retour de cette expérience ? Et par rapport à la discographie de Dominique A vous y êtes entré par quel biais, au tout début, période un petit peu minimaliste de La Fossette, ou aux albums plus étoffés d’une époque plus récente ?
Je suis arrivé avec la Mémoire Neuve. Cela m’a semblé extrêmement singulier, au début cela m’a décontenancé, j’étais avec quelqu’un qui écoutait beaucoup ça, et puis j’ai creusé l’affaire, j’ai remonté le fil, et puis après j’ai suivi. Le chanteur mythique en France pour moi, c’était Murat, et puis j’en ai trouvé un deuxième, Dominique. Florent est extrêmement doué également, et je suis sûr qu’il réalisera un trajet comme ça. Évidemment on peut citer Manset aussi… Mais, même s’il s’en défend par humilité ou par je ne sais quoi, et là je parle en tant qu’auteur et lecteur, j’ai rarement vu quelqu’un qui écrivait aussi bien que Dominique. Je lui ai d’ailleurs toujours dit que ses textes, c’était de la littérature. Et lui s’en défend, c’est sa petite coquetterie modeste. Comme beaucoup de gens, je déplore assez souvent l’indigence des textes dans la chanson française. Je m’en réfère toujours à Barbara, Ferré… en espérant que quelqu’un vienne les concurrencer, et je pense vraiment que Dominique les concurrence. Et après y’a sa voix, les arrangements, la composition… c’est quelqu’un qui cherche, qui se remet en question. Donc j’étais très content de ce projet soit chez Verticales, c’était une très belle expérience qui d’ailleurs est née à Manosque.

Oui c’est ça, une carte blanche lui avait été consacrée.
Voilà, il avait joué deux soirs, c’était plein à craquer. Et le premier soir, on avait eu une discussion avec Olivier Adam et lui où on lui disait que l’on était beaucoup influencé par la musique, par lui entre autre, et lui nous répondait pareil à propos de la littérature, et le projet « Tout sera comme avant » est né là. Le soir même il avait transformé les paroles des « Chanteurs sont mes amis » en « Les auteurs sont mes amis ».

La faute à Fidel Le projet cinématographique de « La faute a Fidel » qui a peut-être été un peu plus mis en avant médiatiquement que vos précédents travaux dans ce domaine vous a-t-il ouvert de nouvelles perspectives ?
Et bien là je suis actuellement en train de préparer un film. Oui c’est vrai que j’ai collaboré à pas mal de scénarios depuis 5 – 6 ans, et c’est vrai que le cinéma m’influence beaucoup dans mon travail notamment pour « Sweet Home ». Je me suis dit que ce serait bien que ce livre retourne au cinéma. Et donc j’ai écrit un scénario, j’ai obtenu une aide du CNC, tout le monde m’a dit « il faut que tu le fasses ». Donc je suis en train de préparer ça avec Christophe Chiesa, qui est un jeune réalisateur, avec qui j’ai déjà écrit. Ensuite le fait est qu’au cinéma, on ne peut jamais trop savoir, y’a un producteur qui va faire un montage financier, et puis après on verra si ça se fait, mais voilà la perspective.

Sweet home Dans une interview vous disiez que vous aviez commencé à douter dès lors que vous aviez pris conscience qu’il y avait un public qui vous attendait. Est-ce que l’on peut expliquer par ce biais-là le fait que vous vous soyez un peu tourné vers des projets collectifs ? Ou est-ce qu’un travail collectif c’est la somme de plusieurs savoir-faire, ou simplement est-ce l’attrait de l’inconnu ?
C’est un peu tout ça en fait. C’est vrai qu’à la fin du spectacle de Frère Animal les gens nous disent qu’ils ont senti que quelque chose se passait sur scène entre nous quatre. Moi je n’avais jamais connu ça avant. En plus c’était un projet plutôt difficile qu’il a fallu porter à bout de bras. Mais c’est vrai que quand le concert se termine, on se regarde tous les quatre en se disant « wouha ». Il se passe quelque chose de très fort et très beau. Après 10 ans de publications, avoir seul mon nom sur la couverture, c’est très bien, je suis très content, mais Frère Animal, ce n’est pas la même chose, je voulais deux noms sur la couverture. Je voulais changer d’horizon, et puis surtout faire ça avec quelqu’un. Tout comme sur l’affiche de Frère Animal y’a Florent Marchet, Arnaud Cathrine, tout comme il y a Valérie Leulliot et Nicolas Martel, nos noms sont ensemble, j’avais envie de ça. Mais mon nom seul, j’ai eu ma part du gâteau, je m’en resservirai à l’avenir, mais là j’ai eu ma part. Ça part d’une envie de travailler avec les autres. Frère Animal c’est un projet qui ne se représentera peut-être pas deux fois, donc j’ai vraiment envie d’en profiter.

Ce n’est pas une peur du quotidien ?
J’assume très bien de publier des livres tout seul, de jeter des textes, d’avoir des pannes d’écriture, ça c’est le quotidien, ce n’est pas un chemin de croix, c’est pas grave. C’est juste une envie de travailler avec des gens, et pour cela, il faut attendre, faire les bonnes rencontres. J’avais vraiment envie de ça. L’expérience de la scène aussi est quelque chose qui me tient à cœur, même si j’ai tout à apprendre, même si je suis fragile. Je ne veux pas radoter, et je sais qu’en littérature y’a un savoir-faire qui peut s’installer. On peut refaire la même chose plein de fois. C’est peut-être dû à ma production, et avec « Sweet Home » et « la Disparition de Richard Taylor », j’ai très bien ressenti qu’il y avait quelque chose qui se refermait. Je pourrais le refaire indéfiniment, mais à quoi ça rimerait ?

En savoir plus :
Le site officiel d'Arnaud Cathrine : www.arnaudcathrine.com
Le Myspce de Frère Animal, avec les dates de la tournée : myspace.com/frereanimal
Le site du festival des Correspondance de Manosque : www.correspondances-manosque.org
La maison d'édtion du Bec en l'Air chez qui sort Fantaisie Littéraire : www.becair.com
 

Concerts

CCV NL

A propos des cookies

Nous utilisons des cookies sur notre site web. Certains d’entre eux sont essentiels au fonctionnement du site et d’autres nous aident à améliorer ce site et l’expérience utilisateur (cookies traceurs). Vous pouvez décider vous-même si vous autorisez ou non ces cookies. Merci de noter que, si vous les rejetez, vous risquez de ne pas pouvoir utiliser l’ensemble des fonctionnalités du site.