Compilation Le courage des oisifs / Eddy Crampes en interview

Le Courage des Oisifs

 

 

En compagnie de la Route du Rock, la Souterraine a surpris son monde en publiant il y a 3 jours une compilation de reprises de Dominique A, intitulé Le Courage des Oisifs. Si certaines sont connues, voire sont nées sur CCV comme celle de Mansfield TYA, le résultat est très attachant, et nous ne pouvions que saluer l'initiative. Nous sommes allés questionner la Souterraine pour connaitre leurs motivations, et nous sommes attardés plus longuement sur le toulousain Eddy Crampes (auteur d'un étonnant Courage des Oiseaux), que Sing Sing (Arlt) présente comme "LE grand chanteur français et puis c'est tout". 

 

Le courage des oisifs

Quelques questions à La Souterraine :

Dominique A, oui mais pourquoi ?
Comme dit dans les notes de pochette descriptifs sur le bandcamp, c'est une idée de la route du rock. Dominique A est l'artiste qui y a le plus joué. L'idée nous a séduit puisque Dominique A est souvent cité en référence par les artistes hébergés ici donc on y est allé.

 

Vous mêlez des reprises connues (en passant, celle de Mansfield TYA a vu le jour sur notre site) et d'autres inédits, comment avez-vous fait le tracklisting, le choix des artistes ?
Alban Coutoux, programmateur de la Route du Rock a lancé plusieurs pistes qu'on a complété ensuite, selon les réactions et les dispositions de chacun. Certains étaient fans, d'autres ne connaissaient pas du tout (Hyacinthe, par exemple, a découvert la musique de Dominique A en cherchant une reprise).

 

La Souterraine n’existait pas en 1992, vous sentez-vous proche d’un label comme Lithium qui a sorti le 1er album de Dominique A ou de Bertrand Betsch que l’on a recroisé chez la Souterraine ?
Oui, Lithium est un pôle d'influence direct et indirect, tout comme Saravah peut l'être. Une certaine idée de l'underground.On a fait la rencontre de Vincent Chauvier un soir à Montreuil, c'était passionant.

 

Qui sont les oisifs ? Des héritiers qui se prélassent et qui se bougent le temps d’une reprise ?
"Les oisifs" dans ce titre représente qui s'y reconnait, ça peut être toi ça peut être moi, c'est aussi un bon mot plaisant. Au-delà de ça, c'est un hommage à ceux qui crééent de manière autonome, quoiqu'il arrive, sans nécessairement vouloir ou pouvoir vendre.

 

Peux-tu nous présenter Les Champs Electriques qui auront lieu dimanche ?
C'est un événement pensé par la Route du Rock, il y aura tout un tas de choses sur l'histoire du festival, des concerts - ceux de Jaune, Eddy Crampes et La Féline - et surtout le vinyle du courage des oisifs à vendre en quasi-exclusivité.

 

Une version vinyle de la compilation est disponible à 200 exemplaires :

http://souterraine.biz/album/le-courage-des-oisifs

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Interview d'Eddy Crampes

 

Quelle a été ta porte d’entrée dans la discographie de Dominique A ?
Je suis rentré par La Fossette, sortie en 92, mais que j’ai dû commencer à écouter en 95/96 alors que La Mémoire neuve était déjà sortie, grâce à un ami qui m’a mis le disque entre les mains. Je l’ai beaucoup écoutée, cela en devenait presque une obsession, ça m’a vraiment ouvert.

 

C’est l’album que tu ré-écoutes le plus souvent ?
Il y a quand même Auguri…J’ai tellement écouté La Fossette à une période de ma vie… Dans Auguri j’arrive encore à découvrir des choses, ce n’est pas que «sentimental», c’est un album très complet, long, que j’ai aussi apprécié sur scène, très fort.

 

 

Eddy Crampes

Dans le cadre d’une autre reprise François Mary de François & the Atlas Mountains nous avouait qu’il aimait souvent plus les titres rares de Dominique A que les albums. Es-tu de cet avis ?
Non, pas vraiment. Il y a tellement de chansons…

 

Comment s’est fait ce choix du Courage des Oiseaux ?
Benjamin de la Souterraine m’avait proposé le titre Va-t-en. C’est marrant, ce morceau avait très longtemps tourné dans ma tête, donc l’idée était bonne. Mais le premier choc pour moi, c’était quand même le courage. J’ai voulu m’y frotter, c’était presque un challenge. Quand on pense à Dominique A, on pense forcément à ce titre, je me suis dit qu’il y avait quelque chose à faire. L’idée ne s’est pas imposée toute seule, mais très vite j’y suis revenu.

 

Jaune a choisi de reprendre Il ne faut pas souhaiter la mort des gens dans une version proche de l’originale, toi tu prends la tangente par rapport à la version épurée de Dominique A du Courage des Oiseaux pour aller dans une version très pop, easy listening.
En fait en 2000, je reprenais déjà ce titre en groupe, mais dans une version assez noire, proche de la manière dont Dominique la joue seul sur scène, avec des boucles hypnotiques, aride. Cette fois-ci, je me suis entouré de Vincent Pieuvre et d’Emmanuel Mario, qui m’ont emmené vers cette atmosphère, et la surprise passée je me suis dit: « bien sûr ». J’avais un peu peur de la redite, elle a été jouée tellement de fois. Ca m’a permis de boucler une boucle, de poser les choses. Alors que l’auteur ne se permet pas forcément ces écarts de style avec ses propres chansons, ou alors je n’en ai pas eu vent, de mon côté j’ai fait une reprise un peu légère, mais sans dérision, juste parce que j’aime ça, avec l’idée qu’il puisse l’écouter ainsi. L’idée du Tribute est aussi intéressante à ce niveau, sans parler de remerciements, une façon de dire « tiens, nous on a entendu ça comme ça ».

 

Tu reprends indifféremment du Alain Barrière, Burt Bacharach ou donc du Dominique A en arrivant à te dégager de tout préjugé. Musicalement tu t’es formé comment ?
Techniquement, je suis complètement autodidacte. J’ai fais une année de conservatoire de chant, pour me rendre compte que c’était un truc à part entière, et que je n’en étais pas. Mais ça m’a beaucoup intéressé et ça continue, toujours. En fin de compte j’ai toujours cherché et bricolé de mon côté. Ma formation s’est faite comme ça, des rencontres avec des gens, et des recherches perso, avec toujours cette impression de découvrir l’Amérique quand tu trouves quelque chose qui fonctionne ou te touche.

Eddy Crampes

Tu apparais actuellement seul sur scène, une mise à nu qui ressemble aux débuts de Dominique A avec la Fossette. Musicalement, comment vois-tu la suite de ton côté ?
Je monte un groupe cette année, nous enregistrons ensemble en juin pour sortir un disque à l’automne. Je veux l’arranger avec les musiciens, l’enregistrer dans des conditions de live, le jouer tel quel sur scène et ainsi prendre le contre-pied de tout ce que j’ai pu faire jusqu’à présent. Je tente quelque chose d’autre, ça devrait s’appeler Eddy Crampes et le Frisson Coupable, c’est encore un peu flou et c’est tant mieux.

 

Tu apparais sur la scène toulousaine depuis quelques années. L’histoire aurait été la même en vivant en Paris où tu te produis désormais régulièrement ?
Je ne sais pas. Il est surement plus facile d’y trouver des lieux de concerts, mais au bout d’un moment tu as envie de bouger aussi, j’imagine. Les réseaux ne sont pas énormes, tu finis quand même par croiser les mêmes personnes. Peut-être pour faire des rencontres, passer à la radio, mais en 2017, je n’en suis pas convaincu. Tu peux vivre à Toulouse, et…

 

… et passer chez Didier Varrod (allusion à son passage sur dans Foule Sentimentale sur France Inter le 2 décembre 2016 NDLR) ?
Par exemple oui ! Bon le flux est moins tendu ici, mais il faut dire que je viens de Pau, donc… ça me va.

 

Les réseaux sociaux peuvent apparaître du coup comme une aide pour toi ?
Ça fait complètement partie du jeu et je pourrais certainement y être beaucoup plus présent. Je reste assez discret je crois, même sans vouloir alimenter le mystère. J’ouvre une chaîne sur Youtube dans les jours qui viennent, avec des vidéos que je projette sur scène, des versions karaoké de mes chansons et d’autres, que j’aime chanter. Une manière de plus de diffuser et partager mon travail.

 

L'objet disque

Tu as quelques concerts prévus ?
Oui, je joue régulièrement. En parallèle de mon projet d’album, je développe des actions culturelles, ça me botte vraiment : chercher un équilibre entre la scène en tant qu’auteur-compositeur et la scène en tant que… comment dire, acteur social ?

 

Pour s’adresser à quelle tranche d’âge ?
Tous les âges. Là c’est une chorale d’enfants, mais ça peut être des retraités, ou un public empêché, présentant un handicap. Ce ne sont pas les mêmes enjeux, mais c’est ce qui me motive le plus en ce moment. La dernière fois que j’ai participé à ce type d’événement, c’était avec des écoles primaires, à Poitiers. J’avais fait passer de la matière au professeur, et quand je suis arrivé, les enfants avaient travaillé dessus, écouté la musique, voire connaissaient des chansons par cœur. Certains textes figuraient dans leur cahier de poésie. Tu arrives sur scène, ce n’est pas neutre, c’est une rencontre. Parfois il s’agit pour eux de leur premier ou second concert, donc il y a une écoute, c’est quelque chose de fort. Sortir des disques c’est une chose, je veux bien sûr avancer là-dessus, mais à côté de cela, je veux être ancré dans ma ville. Utile ? Ce n’est pas le bon mot, mais oui ancré dans la cité. J’étais parti pour être prof, ce n’est pas innocent.

 

Ta démarche fait écho à Des Liens, un mouvement que Dominique A initie à Nantes mais qui doit prendre racine dans d’autres villes comme Paris, Bordeaux, pour permettre à des personnes qui n’en pas les moyens d’aller à des concerts, et de rendre la culture un plus accessible. Le mouvement débute, et le développer lui tient à cœur.
Oui j’en ai entendu parlé et effectivement, c’est une belle idée.

 

Cantate sans filetPour finir, tes trois derniers coups de cœur musicaux ?
Le tout dernier, c’était dimanche pour une cantate de Bach (BWV111) dans le cadre des Cantates sans filet dans une église de Toulouse. C’était très très bon. Se pencher sur les cantates, s’apercevoir qu’il y en a 230, et que tu en connais… 6. Ça c’est mon dernier coup de cœur. Ensuite je dirais Timber Timbre, et… (il réfléchit), j’allais dire Michel Delpech…

 

Trop tard, tu l’as dit, ça fait trois !
Ah bien, je vais rester sur Bach. Il a tellement composé, c’est surhumain. Avant le concert, le chef d’orchestre nous contait comment il composait ses pièces dans l’urgence, en semaine pour le dimanche suivant. Ces partitions sophistiquées, pleines de fantaisies et pourtant si abordables, c’était de la pop.

 

www.facebook.com/eddycrampes

eddycrampes.bandcamp.com

 Eddy Crampes en tournée : 

5 février : Rennes (35) / Champs Electriques
14 février : Paris, FGO-Barbara / Fête Souterraine
18 février : Lannemezan (65), Maison du Savoir
28 février : Allones (72), Excelsior  - 1ère partie de Fishbach 

Concerts

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