Dans une chronique consacrée au dernier disque des Rita Mitsouko, dans le numéro 597 des Inrockuptibles, le journaliste Francis Dordor, à la plume depuis longtemps brillante et acérée, fustige, par contraste avec les qualités qu’il attribue au duo, « l’ endémique médiocrité musicale » française. En dehors du fait que la méthode qui consiste à dégommer les uns pour mieux encenser les autres commence à avoir fait son temps, et induit quasiment un doute, ou une mauvaise conscience, par rapport à ce qu’on défend, on peut donc en déduire que, selon Francis Dordor :
- Daniel Darc : médiocre ; - Arman Méliès : médiocre ; - Casey : médiocre ; - Alain Bashung : médiocre ; - Rodolphe Burger : médiocre ; - Programme : médiocre ; - Barbara Carlotti : médiocre ; - Fabe : médiocre ; - Rocé : médiocre ; - Bertrand Belin : médiocre ; - Rachid Taha : médiocre ; - The Married Monk : médiocre ; - Philippe Katerine : médiocre ; - Abd Al Malik : médiocre ; - Marcel Kanche : médiocre ; - Mansfield Tya : médiocre ; - Holden : médiocre ; - Danyel Waro : médiocre ; - Yann Tiersen : médiocre ; - Perio : médiocre ; - Marcel Kanche : médiocre ; - Jérôme Minière : médiocre ; - JP Nataf : médiocre ; - Bed : médiocre ; - Jean Louis Murat : médiocre ; - Olivier Mellano/Mobiil : médiocre ; - Gérard Manset : médiocre ; - NLF Trio : médiocre ; - Philippe Poirier : médiocre ; - Pierre Bastien : médiocre ; - Christophe Miossec : médiocre ; - Elise Caron : médiocre ; - Colleen : médiocre ; - Pascal Comelade : médiocre ; - Julien Baer : médiocre ; - Pierre Bondu : médiocre ; - Encre /Thee Stranded Horse : médiocre ; - Pascale Borel: mediocre; - Jean Guidoni: médiocre; - Mathieu Boogaerts: médiocre; - Piers Faccini: médiocre; - Sylvain Chauveau : médiocre; - Franck Monnet: médiocre; - Albin de la Simone: médiocre - Keren Ann: médiocre… Etc, etc… Liste évidemment non exhaustive.
On peut légitimement me soupçonner d’utiliser les noms de collègues pour défendre ma petite entreprise, et répondre par personnes interposées à une attaque qui ne m’était nullement adressée, et dont ma grande paranoïa se serait emparée. Peu importe. Ce qui importe, c’est que cette notion d’ « endémique médiocrité française », comme procédant d’un anti chauvinisme maladif - au moins aussi pénible que celui consistant à porter systématiquement au pinacle nombre d’étrons franco français passéistes, ou à vertu prétendument drôlatique -, entretient l’idée que, décidément, aujourd’hui comme hier, y a rien à faire ni à espérer, la musique, c’est pas notre fort dans l’hexagone; ça a le mérite de couper l’herbe sous le pied de la curiosité, et de rester sur son quant à soi, sur ses à priori d’avant le déluge. On ne sait jamais, des fois que les choses auraient CHANGE… Plutôt l’autodépréciation à l’arraché, tout le monde dans le même sac bleu blanc rouge moisi, que d’être soupçonné de complaisance. C’est une attitude. |
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A part ça, quelques conseils de galettes, en vrac, pour aider à digérer le 6 mai : - Laura Veirs, avec un « Saltbreakers » de bonne facture, renouant presque avec la grâce mélodique de « Carbon glacier » ; - la compil « Do it yourself » de l’excellent label Soul Jazz, qui regroupe quelques uns des plus notables autoproduits post punk de l’histoire, du séminal » Boredom » des Buzzcocks, en passant par des perles des Fire Engines, de Patrick Fitzgerald, j’en passe d’encore meilleures ; - « La perdue » de Bertrand Belin, décidément somptueux, d’une rare finesse, et si le terme d’élégance n’avait pas été inventé, il l’aurait été expressément pour lui. L’idée la plus juste d’une transposition du neo folk américain par chez nous ; - recommandé par des camarades de tournée, daté de 2004, « The unsustainable lifestyle » de Beauty Pill, un quintet indé américain, entre euh… à vrai dire, je ne saurais pas trop quoi dire à quoi ça ressemble, mais allez donc jeter une oreille sur le net, c’est fort et personnel ; - le duo drone Earth, dont je vous entretins jadis, vient de sortir « Hibernaculum » ; aux magnifiques photos noir et blanc d’époque de l’album précédent succèdent celles d’une nature foisonnante en pochette et livret, mais la musique, elle, n’a pas bougé, toujours ces mêmes thèmes de guitare post prog /post métal sur lit de caisse claire et cymbales amorphes, un peu plus de lumière peut être, et encore… toujours preneur, en ce qui me concerne ; - comme Suicide fût le cocu de la techno pop, Gang of Four, 20 ans après la bataille, aura bien été celui de la nouvelle brit pop ; démonstration faite encore une fois avec le deuxième Arctic Monkeys, très bon, en passant. Oui, oui, changé d’avis sur le sujet… ; - « London is the place for me », vol 2, très belle compilation de musiques noires calypso, jazz et high life, jouées par des émigrés caribéens et africains à Londres durant les années 50 et 60 ; un livret magnifique témoigne de leur histoire et de celle de ces musiques ; - enfin, avec un siècle dans la vue, j’ai enfin réussi à trouver une version de la chanson de Ravel, « Trois beaux oiseaux du paradis », découverte dans l’ahurissement le plus complet en générique de « La maison des bois », le feuilleton de Pialat édité en dvd ; quelle que soit la version, de toutes façons, la grâce de l’écriture musicale interdit toute médiocrité. Tiens, ce mot me rappelle quelque chose… Le bon moment pour fermer le ban. Restons groupés. Je vous embrasse.
Dominique.
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