Rapport d'inactivité #2

Rapport d'inactivité #2

Bonheur, joie, d'être loin des contingences auto infligées du VRP à six cordes. C'est un lieu commun , assez détestable, mais... Démonstration faite à Madrid, fin janvier, où on m'a gentiment cuisiné un jour durant sur ma vie, mon œuvre , et je ramais , je pensais aux arbres coupés, pardon les arbres, à la myriade de mots inutiles publiés chaque jour en ce monde. Le soir, hold up, the great DJ swindle, payé plus que pour un concert, dans un très beau club madrilène pour passer des disques dont la sélection, pourtant foutrement addictive, n'a arraché que quelques pas de danse mal embouchés (?) à des jeunes gens qui se demandaient pourquoi je ne chantais pas. Bon. Plaisir cela dit de retrouver Rafa de Green Ufo's, principal distributeur espagnol de la scène indé française, et de recevoir la riche compil Acuarela Songs n°2 à laquelle j'ai participé sur le thème imposé de la "couleur de l'eau" (traduction littérale d'Acuarela, label initiateur de la compil). Ils font chier, Acuarela , il y a des crasses numériques sur la chanson, des espèces de craquements non d'origine, ils ont laissé ça tel quel. A part ça c'est une bonne compilation très recommandable (disponible à Paris chez Gibert, au minimum) avec pas mal de bons morceaux de groupes internationaux souvent confidentiels. Mais ils font chier.

Bonheur, joie, de rendre visite à Philippe Poirier, membre de Kat Onoma, dans son fief strasbourgeois, où je fis reçu comme un pape. Il travaille actuellement sur deux disques, en collaboration avec des membres de la scène électro allemande; l'un est un projet commun avec Stephan Schneider, de To Rococo Rot, et l'autre son propre disque (le deuxième, après le méconnu "qui donne les coups" de 99, que j'affectionne toujours) en collaboration avec les gens de Tarwater (bien vu). Je suis allé chez lui chanter, sur un de ses morceaux et un autre co-écrit, sur lequel ça a très bien fonctionné, je crois. Sa musique est très ouverte, très onirique, la poésie s'y niche partout, dans chaque bout de sample , comme chez Tarwater justement (dont le dernier disque "Dwellers on the Threshol, fade de prime abord, avec un côté "chantage à la boucle", gagne à la réécoute.

Comme un pape, encore, en Belgique, à Mouscron, à la frontière, pour une lecture de textes de et avec Dominique Fabre, un copain écrivain, sur une invitation lancée par la bibliothécaire de la ville, site aux nuits de la Correspondances à Manosque où j'avais lu un extrait de son dernier très beau livre "Mon quartier" (Fayard). On, a fait ça dans un café, c'était marrant, tout public, tous âges, j'ai lu pas terrible, et j'ai dérogé à ma règle d'or du no-gig-in-2003, en poussant la chansonnette et en l'arrosant de houblon.

Hormis ces quelques écarts dans mon programme oisif, duel fréquent ce mois-ci avec un piano débarqué chez moi. Ça bosse ferme, beaucoup d'idées, de textes, des choses qui se précisent, pas forcément ce que j'imaginais mais pourquoi pas ; comme dit l'autre : "laisse venir". Me suis récemment réconcilié avec mon amie à six cordes, un temps délaissée au profit de la bête à mille touches.

Après des infidélités ces dernières années, j'ai suivi les victoires de la musique, à la radio, c'était bien meilleur avec les commentaires de Foulquier, très en verve, genre Papy Rigolard une binouze à la main les pieds sur le pouf et interventions du style "tu l'as dit, bouffi" très amusant. Ça m'a semblé moins honteux que dans mon souvenir (Arno, Bashung, Christophe, grâce leur soit rendue). Pour ce qui est de la jeune garde présente ce soir là, ça rentre grave dans le rang, sans états d'âme, et là tristesse, ça pendait à nos pauvres narines, on signait ce soir là le grand retour du tout acoustique de la franchouille, du "marrant", une louchée de sous-Trenet par ci, une autre de sous-frères Jacques par là, la nostalgie gouailleuse des Trente Glorieuses et loin, loin, l'élégance. Pour une belle chanson de Carla Bruni, avec un rien de classe (je ne connais pas son disque) mais "quelqu'un m'a dit" est un de ces morceaux classiquissimes, où l'on s'aperçoit que la veine Anne Sylvestre-Barbara a encore de beaux jours devant elle, ce type de chant est tellement adapté au français, et à sa morne plaine phonétique), combien dans la génération qui se pointe et se fait signer par les boites de disques, combien de passéisme pur jus, avec pas la queue d'une influence actuelle en ligne de mire. C'est le retour du rock alternos (était-il parti ?), le rock en moins, la franchouillerie intacte, déprime. En Vendée , ils ont un mot pour ça, pour désigner ce qui hérisse le poil, ils disent "ça fait zire". Adopté.

Pendant ce temps, Philippe Barbot, dans un article de Télérama consacré à la nouvelle génération de chanteurs locaux, évoquant les années 90 et la triade Miossec-Katerine-ma pomme, nous refait le coup des neurasthéniques, des chansons-cocon qui sentent la chambre douillette et le replis sur soi (tout à fait Miossec, ça), des "voix aussi chiches que les arrangements" la paresse écrite dans toute sa splendeur. Et ta prose, garçon, elle est pas chiche, un peu ? Merde, à la fin.

Pour en finir avec l'aigreur, retouchons deux mots des "Oranges Amères" d'Enrico Macias, que j'ai acheté finalement. Je confirme la chanson éponyme est très bonne, et le disque itou, arabisant sans kitscherie, avec quelques mélodies addictives, les meilleures étant signées, je prends mon souffle, Art Mengo. Mon top 1 du mois (par le plus grand des hasards, en passant, ça va faire plaisir aux Oslo, j'ai repéré sur un de ses vieux album une chanson intitulée "les yeux de l'Amour"). Parmi les acquisitions notables, tout frais sorti, le disque de Dorine Muraille chez Fat Cat est assez recommandable, je trouve, c'est assez mystérieux, cette espèce de puzzle électronique impressionniste, aquatique et tintinnabulant, avec ses sons de gamelan trafiqués (comment fait-on, cette musique là, avec quelles mains, quelles oreilles ?), qui met parfois les nerfs à l'épreuve ; mais l'épreuve est bienvenue. Je n'ai pas échappé à la hypounette Emilie Simon et là encore, c'est un cas, inédit. Le genre agaçant auquel on revient, avec des textes vides et voix intenable, oui, mais elle a beau surminauder, ça laisse le sentiment qu'elle ne cherche pas à le faire, comme une minauderie absente. Au final, ses mélodies sont souvent touchantes ( un petit côté Michel Legrand de chez Demy, bon point), avec des rythmiques originales, des arrangements régulièrement épatants, qui ne sont pas sans rappeler non plus les islandais de Mum, par moments. C'est abouti il y a quelqu'un derrière tout ça, même si à l'écoute du disque, on ne sait rigoureusement pas qui, et tant mieux.

A part ça, je remercie INK., groupe belge, d'avoir déposé leur disque Ever Now dans ma boite aux lettres. De la bonne vieille New Wave, la chanteuse se fait appeler Drita Kotaji, et j'aime bien sa voix un rien sévère ; dans le Nord en France et en Belgique, les groupes New Wave ont souvent quelque chose d'attachant, de plus "authentique" qu'ailleurs ; la brique rouge peut être. J'aime tous les New Wave de toute façon, leur obstination, ils ne racolent pas, c'est mon passéisme à moi, qui en vaut d'autres (peut être que les gens de Ink vont me détester en lisant ça, ils auront tort).

Galerie Valéry Lorenzo Pas lu beaucoup ces temps-ci, mais reçu la collection complète des petits fascicules d'art des Editions de l'œil, en échange d'un texte écrit pour un de leur petits livres consacré à un travail de Valéry Lorenzo, photographe, sur le thème de la crise d'adolescence, beau travail. Valéry a fait partie de Lucie Vacarme, combo noisy pop des primes heures de Lithium et , pour la petite histoire, c'est l'auteur de la pochette de La Fossette. Ces petit bouquins, consacrés chaque fois à un artiste d'ici et d'ailleurs, toutes disciplines confondues, avec chaque fois un court texte en rapport, sont superbement réalisés, les travaux photographiques, régulièrement superbes, la maquette idem, bref pour 5,50€ l'unité, du nanan.
Peut être pas de distribution optimale, mais un site pour en savoir plus Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.

Du coq à l'âne, je me suis rendu à ma manif anti-guerre, et comme dit Lipietz, deux manifs consécutives derrière Chirac, ça fait mal au bide (qu'est-ce qu'on disait déjà entre les deux tours ? "Faisons savoir à Jacques Chirac que ce vote barrage n'est en rien un chèque en blanc", ah oui ...) et puis, pitié, les slogans "rigolos", les amalgames douteux... Ne pourrait-on pas imaginer des manifs New Wave, voire gothiques où les gens défileraient en silence ? ou alors tant qu'à meugler des slogans, autan meugler les bons, du type "Sadam démission". Enfin malgré tout, ça mettait un peu de baume au cœur la foule, même si toujours trop sentimentale pour freiner des gens qui ne le sont vraisemblablement pas du tout.

Ces bonne paroles font -elles une conclusion correcte ? on va faire comme si hein.

Bonne giboulées

 

 

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